Carnet journalier de Malbius Aulin, Magicien vagabond

Messages : 5 Date d'inscription : 22/09/2008 Age : 38

Cher journal.

Que c'est bon de pouvoir partir vraiment très loin de Geffen ! Je ressens un sentiment de liberté qui m'a envahi depuis que je suis devenu officiellement mage, il y a déjà un bon moment maintenant.

Cet examen, la remise des capes officielles des mages... Tout cela est désormais derrière moi.
Quand j'y repense, les épreuves étaient plutôt simples. J'avais surtout du mal à supporter tous les apprentis magiciens qui étaient venus passer l'examen. Chose comique : Arion était aussi présent. Bon, ce n'était pas si comique que cela : il aura fallu que je m'arrange pour me cacher en toute discrétion. La couleur de mes cheveux est assez rare. Arion m'aurait reconnu tout de suite et je ne voulais pas du tout que ce cas ne se produise.

J'ai donc passé toute la partie théorique de l'examen au fond de la salle, afin de rester le plus discret possible. Pour la phase pratique de l'épreuve, il m'aura fallu voyager dans tous les alentours de Geffen pour rassembler des ingrédients. L'objectif était de préparer une solution à partir desdits ingrédients qu'on nous avait demandé de trouver. J'ai dû aller jusqu' à Payon à pied pour trouver de l'eau spéciale qu'on ne pouvait trouver que là-bas...

Enfin... Tout ça, c'est du passé. Je suis devenu mage. Mieux : je suis mage, mais personne de ma connaissance ne le sait. C'est une double victoire pour moi.

Depuis ma "promotion", si j'ose dire (ou plutôt "si j'ose l'écrire"), je me suis mis à arpenter des chemins que je ne connaissais même pas. Enfin, il serait peut-être plus juste de dire que je n'osais pas m'y aventurer. Avant de pouvoir faire mes premières armes en magie, je ne pouvais pas vraiment me défendre efficacement contre nombre de monstres ou animaux. Aussi, je restai dans des endroits où la sécurité était assurée. Des endroits où la faune locale était amicale.
Dans l'ensemble, là où j'allais autrefois, les animaux ne me montraient aucune agressivité. Du moment que je ne venais pas les attaquer, ils se montraient même presque amicaux. Leur curiosité les poussait à venir me voir. La plupart du temps, c'était pour vérifier si je n'avais pas quelque chose de comestible à leur donner. Je ne peux que les comprendre : je faisais la même chose. J'essayais de trouver de quoi me nourrir durant mon année d'errance initiatique (des mots paradoxaux... Et pourtant...). Et quand je ne trouvais rien, c'est avec un déplaisir non dissumulé que je me rendais dans des auberges...

Depuis que j'ai réussi à "maîtriser" certains sorts, je suis en mesure de pouvoir me défendre sans pour autant porter atteinte à aurtui. C'est pourquoi je peux m'aventurer dans des endroits où les monstres se montrent plus hostiles. Cependant, ce n'est pas parce que je suis désormais un adepte de la magie que je me permets de lancer des sorts à tire-larigot. Je ne l'utilise qu'en cas d'extrême nécessité. Je ne vais pas détruire l'oeuvre de celle qui m'a tout appris juste pour satisfaire mon égo. Il y a des limites à respecter.

J'utilise le feu de manière à effrayer les monstres qui se montrent vraiment agressifs. Le simple fait de faire germer du feu du bout de mes doigts suffit à faire éloigner les monstres. De même, le feu me permet de faire cuire les fruits de ma chasse.
J'ai également réussi à solidifier de l'eau pour en faire de la glace. C'est très pratique. Cela permet de créer des espèces de pics de glace que l'on peut envoyer où l'on veut. Pour ma part, je les utilise pour cueillir des pommes ou des fruits hautement perchés. Bon, j'avoue que j'ai eu besoin d'apprendre à viser correctement avant de pouvoir cueillir une pomme complète. Viser la queue du fruit n'est pas chose aisée. Mais cela m'apprend au moins à utiliser mes sortilèges de la meilleure façon...

Oui, je sais que j'ai beaucoup de choses à raconter. Je peux donner l'impression d'avoir changé de comportement mais ce n'est pas du tout le cas. Depuis que j'ai quitté Geffen, ma façon de penser n'a absolument pas changé. C'est plutôt ma façon de faire qui est différente.
Je vis toujours de ce que la nature m'apprend ou peut m'offrir. C'est peut-être pour cela que je progresse assez vite dans mon apprentissage magique. Les esprits de la nature sont toujours d'excellents professeurs.
Je leur dois ma maîtrise du feu et de l'eau sous forme de glace. Je sais que je peux encore en apprendre davantage mais je ne veux pas non plus brusquer les choses. J'ai déjà suffisamment de chance d'être un magicien privilégié. La majorité des élèves qui ont passé l'examen en même temps que moi continuent à prendre des cours pour maîtriser leurs premiers sorts...

Malgré tout, je vis en totale autarcie. Je me contente de ce que la nature me donne, ni plus, ni moins...
Mieux, mes nouvelles aptitudes me permettent de vivre par moi-même. Je n'ai plus besoin d'aller prendre des repas dans des auberges car je peux désormais cuire ma propre nourriture. Ma cape m'offre une excellente couverture pour dormir à la belle étoile. Je n'ai donc plus besoin d'aller dépenser de l'argent pour passer une nuit... C'est aussi toutes ces petites différences qui me permettent de partir loin de chez moi... De plus, je n'ai plus besoin de cotoyer les villes et ceux qui les habitent. Je suis devenu un véritable vagabond qui assume totalement ses choix de vie...

Ainsi s'achèvent mes premières impressions. Je vais continuer mon apprentissage magique en continuant à écrire, mais cette fois dans mon livre d'arcanes. En effet, lors de leur "promotion" on remet aux nouveaux magiciens un grimoire qui leur permet de noter tous les sorts qu'ils ont appris. Je n'ai pas fait exception à la règle et je dois avouer que c'est assez pratique. Noter les sorts que l'on a appris et que l'on maîtrise permet de se faire une idée des progrès que l'on a fait...

Après quoi, je continuerai à marcher en suivant la route que les esprits me conseillent. Il commence à faire chaud. Je suppose que je dois m'approcher de Morroc...

Jour XXX, Mois XXX, An XXX
Jour XXX de mon initiation magique
Malbius Aulin, Magicien.

Messages : 5 Date d'inscription : 22/09/2008 Age : 38

Cher journal

Décidément, je ne consacre plus beaucoup de temps à écrire sur ces pages depuis que je voyage à travers le tout Rune-Midgard. Prendrais-je la grosse tête au point d'en perdre mes habitudes ?
Ce serait mentir de dire que ma vie n'a pas changé. Mon statut reconnu de Magicien m'a permis bien des prouesses. Nous avons tous nos limites et je suis en train de les apprendre, parfois à mes dépends.

L'entraînement que m'imposent les esprits naturels est vraiment très éprouvant. Je ne peux pas me permettre de me plaindre car le résultat est des plus stupéfiants. Je suis prêt à parier que tous les élèves de l'Académie de Geffen en sont encore à parler théorie alors que pour ma part, je canalise déjà les différentes énergies du feu, de l'eau et de l'air.
Je comprends maintenant que, parfois, la pratique surpasse de loin la théorie. Moi qui, jadis, passait mon temps à étudier les ouvrages des plus éminents archimages... Il y a de quoi déprimer.
Toutefois, il ne faut pas que je relâche mes efforts. L'enseignement des esprits est intense, que ce soit sur le plan physique que spirituel. J'éprouve bien des difficultés à voyager à pied pendant toute une journée. Ma condition physique est de loin inférieure à ma condition dite "mentale". Rien de plus normal après tout, quand on y réfléchit bien.

Pourtant, avec du recul, je remarque que j'ai beaucoup voyagé. La dernière fois que ma plume a déposé son encre sur ces pages, j'en étais au Désert de Sograt, près de Morroc. Cet endroit où les températures atteignent tous leurs extrêmes. Il y fait une chaleur insupportable le jour, et une fraîcheur glaciale la nuit. Un tel voyage m'aura permis de manipuler les différentes énergies magiques pour survivre. Je ne serai certainement pas là si je n'avais pas compris comment déverser de l'énergie d'eau dans mon corps durant ces si chaudes journées passées à traverser le désert...
Depuis, j'ai traversé bien d'autres endroits : la cité d'Aldebaran ainsi que ses alentours, les contrées éternellement gelées de Lutie, l'université de Yuno... Etc...

Yuno... Je ne suis pas resté très longtemps dans cette ville -ou du moins, encore moins que les autres villes, mon attrait pour la solitude n'ayant pas changé-. C'est ici que sont formés les meilleurs Sages et nombre de membres de ma familles sont passés par cette prestigieuse ville. Ne voulant pas voir une cousine ou quelqu'un faisant partie des Aulin, j'ai coupé court...
Il faudra d'ailleurs que j'évite de passer par ici. Arion voulant devenir Sage, il passera fatalement dans cette université...

C'est à Lutie que je me suis senti le plus à l'aise, bizarrement. Les forêts enneigées sont d'une beauté toute particulière et malgré la faune locale plutôt agressive, j'ai réussi tant bien que mal à me trouver différents coins pour vivre. Je crois que j'installerai un petit pied-à-terre au milieu de ces arbres blancs quand j'en aurai l'occasion...
C'est aussi dans cette ville que j'ai découvert que l'homme pouvait être simple et chaleureux. Les habitants de Lutie dégagent une sorte de sincérité qui m'a vraiment surpris. Une sincérité que je n'avais jamais vue auparavant dans aucune des villes que j'ai arpentées. Est-ce le climat si rude qui réside en ces terres qui a forgé ces braves gens de cette manière ?

Malheureusement, j'ai pu également constater que l'homme pouvait être une véritable pourriture. La preuve en est de cette richissime ville d'Einbroch et de cette misérable ville d'Einbech. Ces deux villes, tellement similaires malgré leurs différences apparentes. Deux villes industrielles puant la fumée de charbon. L'air est irrespirable et la situation là-bas ne semble pas s'améliorer. A un tel point que des monstres naissent de cette pollution...
Jamais je n'aurai cru voir ça de ma vie. Un endroit noirci par le charbon et les différentes ressources que des ouvriers s'évertuent à extraire dans leur mine. Un endroit perverti par l'argent. Si Einbroch dégouline de luxure et d'opulence, Einbech est régie par la misère et la désolation. Les riches d'un côté, les clochards de l'autre. La lumière ici, l'ombre là-bas.
Dans tous les cas, c'est la terre qui en souffre. Les animaux eux-mêmes en sont réduits à s'adapter pour survivre. Les Porings, par exemple, ont là-bas une épaisse cuirasse de métal... Il faut le voir pour le croire...

Je suis actuellement dans les Plaines d'Einbroch, en train de constater les conséquences de la bêtise humaine. Puisse une telle abérration ne pas s'étendre sur tout le continent.
Je ne sais pas si la magie est capable de purifier cette pauvre terre en souffrance. Mais mon faible niveau me permet tout juste d'éliminer les mauvaises herbes qui fleurissent dans ces pauvres plaines ravagées... C'est tout ce que je peux faire pour le moment...

Malgré ça, je ne peux m'empêcher de penser que ce que je fais contribue à restituer à ces plaines leur beauté passée...
Si je tenais celui qui est à l'origine de tout ceci, je lui ferais subir tous les supplices possibles. De telles pourritures n'ont pas le droit de vivre. Les ravages de l'obsession de l'argent sont parfois horrifiantes, car finalement, c'est cela l'origine du problème...

Il me tarde de retrouver la pureté de la neige de Lutie...

Jour XXX, Mois XXX, An XXX
Jour XXX de mon initiation magique
Malbius Aulin, Magicien.

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